Quand Renault est devenu un expert du low cost

Dans le même temps, les véhicules électriques des entreprises asiatiques commencent à décoller. Tesla et Nissan lanceront très probablement un modèle de milieu de gamme abordable en 2020 ou 2021 avant la fin de 2022, date à laquelle Toyota devrait faire de même avec sa Corolla… Aucune industrie n’a été immunisée contre les stratégies à bas prix et le travail de qualité des nouveaux venus. Par conséquent, chaque acteur traditionnel a développé sa propre réponse. L’approche bon marché utilisée dans le secteur automobile chez Renault remonte à 2004.

La marque Dacia, qui fait partie du programme Global Access, a permis à l’entreprise d’acquérir une grande expérience depuis lors. Avec ses modèles Logan, Duster et Kwid, la firme a vendu 10 millions de voitures « scandaleusement bon marché » – une expression inventée par François Mariotte, directeur des ventes de Renault en Roumanie, dont 47% sont des Dacia. Meilleure nouvelle encore : « La gamme est devenue la plus rentable de Renault », affirme Rémi Cornubert, associé de A.T. Kearney.

L’accord à bas prix a permis à Dacia de faire une percée à l’échelle internationale. Selon les pays, ces véhicules sont connus sous le nom de Dacia ou de Renault. L’industrie automobile monte en gamme, mais le constructeur a défié cette tendance en sortant un véhicule à 3 500 euros, la Kwid, initialement pour l’Inde. Il ne semble pas vouloir s’arrêter là. L’étape suivante consiste à transformer le constructeur russe Avtovaz en un champion local à bas coût, et à développer un véhicule électrique dont le prix est de 8 000 dollars (6 800 euros). Jetons un coup d’œil aux composants de la recette Renault.

Découvrir la culture interne

Le Groupe Renault n’en était pas à son premier effort de rupture lorsqu’il a commencé à réfléchir à une automobile à 5 000 euros (la future Logan) dans les années 1980. L’entreprise a travaillé sur la Twingo au début des années 1990. Plutôt que de suivre les normes de l’industrie automobile, elle a utilisé une approche par projet pour créer ce modèle. Cette méthode a ensuite été systématisée pour le développement de futurs véhicules grâce à cette pratique. Elle a permis aux concepteurs de prendre en compte le coût dès le départ, ouvrant la voie à la fabrication « design to cost ».

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L’innovation

Avec la Logan, Renault visait initialement les clients des marchés émergents. S’il est nécessaire d’intégrer des technologies plus avancées dans le secteur automobile, Renault tente de créer des voitures qui s’adapteront au budget des consommateurs ciblés tout en conservant les spécificités locales. Ainsi, la Kwid dispose d’une interface téléphonique accessible par son écran tactile.

Créer une belle équipe

Pour mettre en œuvre ses initiatives à bas coût, Renault a dû d’abord gagner l’adhésion des équipes qui font passer le coût avant tout. Une réponse ? La responsabilisation de ces mêmes équipes. Le développement de Dacia est actuellement concentré au centre technologique de Renault à Bucarest, où il est toujours en cours. Pour la Kwid, les choses ont été un peu plus drastiques. Plutôt que d’être conçu à Paris puis envoyé en Inde pour y être développé sur une plateforme, c’était la première fois que le véhicule était conçu de bas en haut par une équipe indienne plutôt qu’à Paris.

Les équipes disposent d’un pouvoir décisionnel complet et le chef de projet bénéficie d’une délégation de pouvoir importante qui lui permet d’influencer les unités opérationnelles. Ceci est bénéfique pour gérer certaines tensions. Les miroirs de la Kwid en sont un exemple emblématique.